Par , publié le 14 mars 2023

Huit mois après son introduction à la Bourse de Paris, le statut de licorne n’est plus qu’un lointain souvenir pour Deezer. Lundi, sa capitalisation boursière est même tombée pour la première fois sous la barre des 200 millions d’euros, soit cinq fois moins que sa valorisation pre-IPO. Il faut dire que la plateforme française de streaming musical n’est toujours pas entrée dans la “prochaine phase de croissance” qu’elle avait fait miroiter aux marchés financiers. L’an passé, elle a même échoué, de très peu certes, à remplir ses objectifs, réalisant un chiffre d’affaires de 451 millions d’euros, en hausse de 13% sur un an. Et le nombre d’abonnés a légèrement reculé, à 9,4 millions, malgré le lancement de son partenariat avec RTL en Allemagne.

2% du marché – Lancé en 2007, Deezer a été l’un des pionniers du streaming musical. Il est depuis devenu un acteur confidentiel, sauf dans deux pays: la France, où il revendique une part de marché de 28% sur le segment payant, et le Brésil. Selon les estimations du cabinet Midia, la société ne totalise ainsi que 2% du parc mondial d’abonnés. Elle est largement devancée par Spotify, qui compte désormais plus de 200 millions d’utilisateurs payants. Mais aussi par les géants américains Apple, Amazon et Google, qui se sont lancés bien après. Alors que les différentes offres sont très similaires, aussi bien pour le catalogue que pour les prix, ses rivaux disposent d’une image de marque bien plus grande et de moyens bien supérieurs pour leurs dépenses marketing.

Hausse des prix – Deezer affiche pourtant un objectif très ambitieux: atteindre un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros en 2025. Cela représente une croissance moyenne supérieure à 30% au cours des trois prochaines années. Autant dire une très forte accélération par rapport au rythme actuel – Deezer table seulement sur une croissance “supérieure à 10%” en 2023. Pour y parvenir, la société compte d’abord sur une hausse des prix, une tendance déjà en cours sur le marché. Depuis un an, ses offres d’abonnement coûtent entre un et trois euros de plus en France, devenant plus chères que celles de Spotify. S’appuyant sur l’exemple de Netflix, ses dirigeants estiment qu’il y a encore de la place pour procéder à de nouvelles augmentations tarifaires. À condition toutefois que ses concurrents suivent.

Rentable en 2025 ? – Deezer mise aussi sur de nouveaux partenariats de distribution, à l’image de ceux conclus avec Orange en France et TIM au Brésil. Ils représentent aujourd’hui 40% du parc d’abonnés, mais offrent un revenu moyen par utilisateur plus faible. Cet été, Deezer a intégré une offre élargie proposée par RTL+, combinant streaming vidéo et musical. Jusqu’à présent, l’impact a été négligeable, compensant seulement le nombre de clients perdus par ailleurs. En février, la société s’est associée avec l’offre sportive DAZN en Italie. Dernier levier de croissance: de nouvelles sources de recettes, comme le live streaming. Deezer, qui continue de perdre de l’argent, promet d’atteindre la rentabilité dans trois ans. Mais seulement sur une base ajustée, qui exclut certaines dépenses.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi l’introduction en Bourse de Deezer a fait pschitt
– Comment Spotify espère multiplier son chiffre d’affaires par dix


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