Par , publié le 28 mars 2023

Plusieurs fois retardée, l’offre de paiement fractionnée d’Apple a officiellement été lancée mardi aux États-Unis, près de dix mois après sa présentation. Un lancement encore limité à quelques utilisateurs “sélectionnés de façon aléatoire”, en attendant un déploiement plus large prévu “dans les prochains mois”. Baptisée Apple Pay Later, cette option permet de régler un achat compris entre 50 et 1.000 dollars en quatre fois sans frais sur une période de six semaines. Elle reprend ainsi le principe popularisé, surtout auprès des jeunes consommateurs occidentaux, par plusieurs start-up: la suédoise Klarna, un temps la start-up la mieux valorisée d’Europe; l’américaine Affirm, lancée par Max Levchin, l’un des fondateurs de PayPal; et l’australienne Afterpay, rachetée en 2021 par Square.

Intégration directe – Ce lancement constitue une mauvaise nouvelle supplémentaire pour tous les acteurs du secteur, déjà secoués par le ralentissement de leur croissance et par le retournement du sentiment autour des sociétés technologiques. Depuis un an et demi, l’action d’Affirm a ainsi chuté de 94%. Et Klarna a dû diviser sa valorisation par six pour conclure une nouvelle levée de fonds. Les deux entreprises ont aussi mené des plans sociaux. Désormais engagées dans une course vers la rentabilité, elles vont devoir affronter un géant aux ressources financières immenses. Autre handicap: leur nouveau rival est directement intégré à l’application Apple Pay et à tous les sites Internet qui proposent ce moyen de paiement, lui permettant de toucher un très large public.

Puce NFC – En outre, l’intégration à Apple Pay va se traduire par une utilisation beaucoup plus simple dans les magasins, quand Klarna et Affirm doivent passer par un système de cartes bancaires virtuelles ou par des QR codes. Ces derniers ne peuvent en effet pas utiliser la puce NFC, indispensable pour réaliser des paiements sans contact avec les terminaux du groupe à la pomme. Cette restriction est cependant remise en cause. En Europe, elle est visée par une procédure antitrust lancée l’an passé par la Commission. Et elle pourrait être interdite par le futur Digital Markets Act. Aux États-Unis, elle est au cœur d’une action en justice déclenchée par une petite banque. Elle pourrait aussi faire partie de l’enquête sur la position dominante d’Apple menée par le département de la Justice.

Services financiers – Pour Apple, l’arrivée de Pay Later s’inscrit dans une stratégie d’expansion dans les services financiers, déjà illustrée en 2019 par le lancement d’une carte de crédit. Le service ne devrait pas représenter une importante source de profits directs. Le groupe américain assumera en effet le risque de crédit – chez Klarna, ces pertes représentent près de 0,7% des sommes prêtées –, qu’il espère réduire grâce à une technologie d’approbation développée en interne. L’objectif est surtout de s’assurer que les jeunes utilisateurs d’iPhone restent fidèles à Apple Pay pour régler leurs achats, sur lesquels la société prélève une commission. À plus long terme, Apple prévoit aussi de lancer de nouveaux produits financiers, notamment des prêts à long terme, qui incluront des intérêts.

Pour aller plus loin:
– Près d’un milliard d’euros de pertes pour Klarna
– Bruxelles lance une procédure contre Apple Pay


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