Par , publié le 28 mars 2023

Après deux années noires, marquées par un tour de vis réglementaire particulièrement sévère, la dégradation des conditions économiques et un plongeon spectaculaire de son cours boursier, Alibaba veut ouvrir un nouveau chapitre dans son histoire. Vingt-quatre ans après son lancement, le géant chinois du commerce en ligne a officialisé mardi une vaste restructuration: il se transforme en holding chapeautant six entités indépendantes. Celles-ci seront pilotées par leur propre directeur général. Et pourront faire entrer des investisseurs extérieurs et même s’introduire en Bourse, à l’exception notable de la société regroupant les activités d’e-commerce en Chine, qui représente 70% du chiffre d’affaires et qui restera contrôlée en intégralité par la maison mère.

Panne de croissance – Les autres entités incluent le cloud, une activité jugée prometteuse mais qui accuse un net ralentissement de sa croissance, l’e-commerce international, en particulier Aliexpress, la logistique, les services locaux, comme la plateforme de livraison de repas Ele.me, et enfin les services numériques. “Cette restructuration va nous permettre de gagner en agilité, d’améliorer la prise de décision et de réagir plus rapidement aux changements du marché”, justifie Daniel Zhang, le patron d’Alibaba. Le successeur de Jack Ma espère ainsi retrouver un esprit start-up, alors que sa position de leader est attaquée par de nouveaux acteurs et de nouveaux modes de consommation. La société est aussi en panne de croissance: son chiffre d’affaires n’a progressé que de 2% sur les trois derniers mois de 2022.

Valeur boursière – Dans les faits cependant, l’impact de cette restructuration pourrait être limité, car les six divisions d’Alibaba bénéficiaient déjà d’une autonomie importante. La principale conséquence pourrait être boursière. Les analystes de Goldman Sachs estiment que la valeur théorique des six sociétés indépendantes est 60% plus élevée que la valeur d’une seule entité englobant toutes les activités. Cela pourrait permettre de regagner une partie du terrain perdu: depuis le plus haut historique touché en octobre 2020, l’action du groupe a chuté de près de 70% à New York. Mardi, celle-ci s’est envolée de 14%. Les investisseurs interprètent également cette annonce comme le symbole d’une amélioration des relations avec le régime chinois, qui a très probablement donné son feu vert.

Apaisement – Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si la restructuration a été officialisée au lendemain de la première apparition publique de Jack Ma en Chine, après plus d’un an passé à l’étranger – ce qui avait déjà été vue comme un signe d’apaisement. Le fondateur d’Alibaba a été à l’origine de l’offensive des autorités, suite à des attaques contre le système bancaire qu’il avait comparé à des “prêteurs sur gages”. Dans la foulée, Pékin avait bloqué l’introduction en Bourse d’Ant Group, la filiale connue pour le système de paiements Alipay. Le groupe avait ensuite été sanctionné d’une très lourde amende de 18,2 milliards de yuans (2,5 milliards d’euros) pour abus de position dominante. Et contraint de modifier certaines pratiques. Une page qu’Alibaba espère avoir définitivement tournée.

Pour aller plus loin:
– Plombé par le Covid, Alibaba reste en panne de croissance
– Cinq ans après son lancement, Pinduoduo détrône Alibaba


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