Par , publié le 26 avril 2023

C’est peut-être le coup de grâce pour le rachat de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft. Mercredi, l’autorité britannique de la concurrence (CMA) s’est formellement opposée à cette opération d’un montant de 69 milliards de dollars (63 milliards d’euros), qui serait le plus gros chèque jamais signé par le concepteur de Windows. Ces dernières semaines, pourtant, l’optimisme était revenu, alors que la CMA avait abandonné une partie de ses inquiétudes, relatives à la franchise Call of Duty. Mais elle estime que les remèdes proposés par Microsoft ne sont pas suffisants pour s’assurer qu’il n’obtiendra pas, grâce à ce rachat, une position dominante sur le marché naissant du cloud gaming. Le groupe américain a décidé de faire appel, mais ses chances de succès semblent faibles.

Concessions – Anciennement détenu par Vivendi, Activision est l’un des principaux éditeurs de jeux vidéoSur consoles avec son titre phare Call of Duty, sur PC avec les jeux Blizzard et sur mobiles depuis le rachat de King, le développeur de Candy Crush Saga. Depuis, l’annonce du rachat il y a un peu plus d’un an, les dirigeants de Microsoft n’avaient cessé d’en minimiser sa portée, soulignant que le groupe n’est que le troisième acteur sur le marché des consoles de jeu, derrière Sony et Nintendo. Ces derniers mois, devant les doutes des régulateurs, ils avaient multiplié les concessions. Dans le cloud, ils avaient signé plusieurs accords avec des services concurrents de l’offre Game Pass. Mais la CMA n’a pas été convaincue, soulignant notamment que ces services n’avaient pas le même modèle économique.

Game over ? – Si la partie n’est pas officiellement terminée, le game over se rapproche pour Microsoft. Le groupe de Redmond s’est bien dit déterminé à mener cette opération à son terme. Mais la procédure d’appel au Royaume-Uni est particulièrement compliquée. Et même en cas de succès, le dossier sera de nouveau examiné par… la CMA. En outre, le processus devrait prendre de longs mois, probablement plus d’un an. L’accord initial avec Activision prend fin le 18 juillet. À cette date, l’éditeur pourra décider de jeter l’éponge et repartir avec un chèque de trois milliards de dollars. De surcroît, l’opposition de la CMA pourrait donner des arguments supplémentaires à la Federal Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence, qui a porté plainte fin 2022 pour bloquer l’opération.

Erreur de jugement – Les dirigeants de Microsoft se sont heurtés à une réalité qu’ils semblent avoir sous-estimée: alors qu’elles cherchent à limiter la domination des géants de la tech, les autorités de la concurrence ne pouvaient pas laisser passer une telle opération. C’est le cas de la FTC, et de sa nouvelle patronne, Lina Khan, mais aussi de la Commission européenne et de la CMA britannique, particulièrement active depuis le Brexit. Peut-être ont-ils été aveuglés par le feu vert obtenu sans soucis pour mettre la main sur Nuance, une société spécialisée dans l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé, pour 20 milliards de dollars. Ou alors par le sentiment d’être dans les bonnes grâces des autorités, davantage concentrées sur Apple, Google, Amazon et Facebook.

Pour aller plus loin:
– Comment Microsoft passe sous le radar des autorités de la concurrence
– Dans le cloud, Microsoft promet des concessions


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