L’intelligence artificielle générative coûte cher. Très cher même. L’an passé, OpenAI, le concepteur du robot conversationnel ChatGPT et du générateur d’images DALL-E, a ainsi accusé une perte nette abyssale, de 540 millions de dollars (490 millions d’euros), selon des chiffres obtenus par le site The Information. Ce déficit, qui a doublé par rapport à l’année précédente, s’explique principalement par la facture envoyée par Azure, la plateforme de cloud de Microsoft sur laquelle la start-up américaine entraîne puis fait tourner ses modèles d’IA. Malgré le bond attendu du chiffre d’affaires, ces pertes devraient encore se creuser en 2023, première année complète de disponibilité de ChatGPT, dont l’immense succès se traduit par d’importantes dépenses additionnelles.
Coûts élevés – Les coûts du fonctionnement d’un chatbot alimenté par une IA générative sont en effet très élevés. Début février, le cabinet Semi Analysis les chiffrait à 700.000 dollars par jour, soit 250 millions de dollars par an. Depuis, l’audience du chatbot a triplé pour atteindre 1,76 milliard de visites en avril, selon les estimations du cabinet SimilarWeb. En se basant sur les calculs de Semi Analysis, cela représenterait 750 millions de dollars de dépenses en rythme annuel – sans tenir compte d’éventuelles optimisations permettant d’abaisser la facture. Dans le même temps, OpenAI continue d’entraîner les nouvelles générations de ses modèles d’intelligence artificielle, qui comptent un nombre croissant de paramètres. Et qui nécessitent donc une puissance informatique encore plus importante.
Offre payante – La hausse attendue des dépenses ne devrait pas être entièrement compensée par la progression du chiffre d’affaires, suscité par l’immense engouement autour des IA génératives. Selon The Information, les recettes d’OpenAI se chiffrent désormais en “centaines de millions de dollars” en rythme annualisé, contre seulement 28 millions sur l’ensemble de l’année 2022. La start-up dispose de plusieurs sources de revenus. Elle facture l’accès à ses modèles pour les développeurs qui souhaitent les intégrer à leurs applications web ou mobiles. Elle commercialise aussi un abonnement à ChatGPT, proposé à 20 dollars par mois. Et elle va lancer une nouvelle offre payante destinée aux entreprises, qui leur offrira notamment davantage “de contrôle sur les données”.
100 milliards de dollars – Face à ces dépenses élevées, auxquelles s’ajoutent les salaires élevés des chercheurs en IA, son patron Sam Altman estime qu’OpenAI, va devenir “la start-up la plus gourmande en capital de l’histoire de la Silicon Valley”. Selon lui, elle devra lever 100 milliards de dollars au cours des prochaines années pour atteindre son objectif, à savoir développer une intelligence artificielle générale, capable d’apprendre et de réaliser n’importe quelle tâche. L’an passé, la société a déjà recueilli “plusieurs milliards de dollars” auprès de Microsoft. Le montant exact n’a jamais été confirmé, mais plusieurs informations de presse évoquent le chiffre de dix milliards. OpenAI ne devrait pas toucher l’intégralité de cette somme: une partie sera versée en nature, lui permettant d’utiliser les superordinateurs d’Azure.
Pour aller plus loin:
– Face à OpenAI, Google combine ses laboratoires de recherche en IA
– Elon Musk lance une start-up d’IA pour concurrencer OpenAI
