Dans la course à l’intelligence artificielle générative, Amazon semblait un peu en retrait par rapport à Microsoft et Google, ses deux principaux rivaux sur le marché du cloud computing. Lundi, le géant du commerce en ligne a changé de braquet, officialisant un investissement de 1,25 milliard de dollars, mais pouvant atteindre jusqu’à 4 milliards, dans Anthropic, une start-up américaine qui a conçu un robot conversationnel. Cette opération pourrait ainsi devenir la deuxième plus importante jamais menée dans le secteur, derrière les dix milliards levés début 2022 par OpenAI, le créateur de ChatGPT. Elle n’est pas seulement financière: elle inclut aussi une “collaboration stratégique”, qui va notamment permettre à Amazon de proposer les prochains modèles d’Anthropic aux clients de sa plateforme de cloud.
Google aussi dans le capital – Basée à San Francisco, la start-up a été lancée par plusieurs anciens d’OpenAI, notamment les frère et sœur Daniela et Dario Amodei, qui s’opposaient au rapprochement commercial avec Microsoft. Elle a jusque-là levé 1,6 milliard de dollars, dont 750 millions depuis le début de l’année, pour une valorisation proche des 5 milliards. Anthropic a notamment recueilli 300 millions auprès de Google, qui aurait mis la main sur 10% de son capital. Cet été, elle a lancé une deuxième version de son chatbot Claude, et l’a ouvert gratuitement au grand public. Depuis le printemps, Anthropic a également commencé à mettre son grand modèle de langage à disposition d’autres entreprises, comme la plateforme de questions-réponses Quora. Et vient de lancer une version payante de Claude.
Puces d’Amazon – Ces premiers efforts de monétisation ne seront cependant pas suffisants pour financer les prochaines étapes. Les dirigeants d’Anthropic étaient ainsi à la recherche de plusieurs milliards de dollars pour concevoir une nouvelle version de leur modèle, qu’ils promettent dix fois plus puissante que tous les modèles existants. Les milliards d’Amazon ne seront donc pas de trop. Comme pour les opérations similaires, il est très probable qu’une partie de cette somme va être apportée en crédits cloud, permettant à la start-up d’utiliser les capacités de puissance informatique d’AWS, le cloud du groupe de Seattle. L’accord prévoit aussi qu’Anthropic utilise les puces développées par Amazon pour entraîner et pour faire tourner ses modèles, en complément des GPU développés par Nvidia.
Marché du cloud – Ce dernier point représente une avancée, au moins symbolique, pour Amazon: elle légitimise les capacités de ses deux puces d’IA, baptisées Trainium et Inferentia et déployées dans ses data centers, comme une alternative possible à Nvidia. AWS va aussi pouvoir intégrer les futurs modèles d’Anthropic à sa plateforme Bedrock, qui permet à ses clients de développer des services d’intelligence artificielle – par exemple pour ajouter un chatbot dédié au service client dans leurs applications. Le groupe bénéficiera même d’un accès anticipé aux prochaines fonctionnalités développées par la start-up. À l’image de ses concurrents Microsoft et Google, Amazon compte sur ces partenariats pour capter la plus grosse partie du marché, considéré comme potentiellement immense, du cloud lié à l’IA.
Pour aller plus loin:
– Pour contrer ChatGPT, Amazon s’associe à une IA française
– Inflection AI lève 1,3 milliard de dollars pour son rival de ChatGPT