Par , publié le 3 octobre 2023

Fini les moqueries. La semaine dernière, dans le cadre d’une interview accordée au podcasteur Lex Fridman, Mark Zuckerberg s’est livré à une démonstration bluffante: une discussion menée à distance par l’intermédiaire de deux avatars photoréalistes, capables de retranscrire de manière authentique les mouvements et les expressions du visage. Si cette technologie n’est pas nouvelle – elle est en développement depuis au moins quatre ans –, elle n’avait encore jamais été montrée de manière aussi impressionnante. Elle contraste aussi avec les précédentes illustrations du métaverse. Et inverse de manière spectaculaire la perception de l’obsession du fondateur et patron de Meta, la maison mère de Facebook, pour ce monde virtuel qu’il considère comme la prochaine plateforme sociale dominante.

Investissements considérables – Pour ne pas rater ce virage technologique, le réseau social, officiellement rebaptisé Meta il y a deux ans pour refléter ses nouvelles aspirations, investit des sommes considérables. L’an passé, sa division Reality Labs a ainsi perdu 13,7 milliards de dollars. Depuis sa création en 2019, elle a englouti 35 milliards. Ces investissements reflètent les ambitions de Mark Zuckerberg, qui ne souhaite pas seulement développer la partie logicielle du métaverse, comme son espace virtuel Horizon Worlds. Il veut également concevoir le matériel qui sera utilisé pour y accéder, comme les casques de réalité mixte. Pour le milliardaire, il est en effet important de ne plus être dépendant d’une autre entreprise, alors que Meta dépend aujourd’hui des règles d’Apple et de Google pour les smartphones.

Avatars grotesques – Malgré tout cet argent dépensé, les progrès réalisés n’ont pas été aussi rapides qu’espéré. Sur la partie hardware, ses casques, anciennement Oculus, restent à la pointe du marché. Mais la société de Menlo Park n’a pas encore réussi à concevoir un produit grand public assez avancé technologiquement. La situation est encore plus critique dans la partie logicielle. Jusqu’à la semaine dernière, l’illustration du métaverse rêvé par Mark Zuckerberg reposait sur les avatars au look cartoon un peu grotesque d’Horizon Worlds. Et surtout absolument pas immersifs alors que Meta cherche à créer un nouveau type d’interaction humaine. Il y a un an, les doutes sur sa vision se propageaient ainsi à Wall Street. Et aussi chez les salariés du groupe, éprouvés par plusieurs plans sociaux.

Encore du travail – La démonstration de la semaine dernière pourrait représenter un tournant majeur pour l’intérêt du grand public. Et une source d’espoir pour les actionnaires, inquiets de l’absence de véritables perspectives. “C’est la chose la plus incroyable que je n’ai jamais vue”, s’enthousiasme Lex Fridman. Le projet, baptisé Codec Avatars, demeure en phase de recherche. Il nécessite un long travail en amont dans un studio de pointe pour photographier les visages sous tous les angles et toutes les émotions. Puis, pour créer un jumeau numérique reproduisant en temps réel les éléments transmis par les capteurs d’un casque de réalité mixte. Mark Zuckerberg espère un jour obtenir ce résultat en scannant un visage avec un smartphone. Une prouesse qui nécessitera encore de lourds investissements.

Pour aller plus loin:
– Apple se lance dans la réalité augmentée, un marché aux multiples échecs
– Pourquoi Facebook parie autant sur le métaverse


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