Par , publié le 9 octobre 2023

Avec près d’un an de retard, Amazon franchit une première étape importante vers le déploiement de sa constellation de minisatellites. Vendredi, le géant américain du commerce en ligne a lancé puis placé en orbite les deux premiers appareils expérimentaux de son projet Kuiper, qui vise à fournir un accès à Internet à très haut débit. Et donc à rivaliser avec l’offre Starlink de SpaceX, opérationnelle depuis 2021 et qui compte déjà plus de deux millions d’abonnés dans le monde. “La route reste encore longue”, reconnaît Rajeev Badyal, le responsable technologique du programme. La société espère désormais pouvoir accélérer les cadences l’année prochaine, ce qui ne dépend pas que d’elle. Si aucune date n’est encore avancée, le lancement commercial du service n’est pas attendu avant plusieurs années.

Régions reculées – Dans un premier temps, Amazon prévoit de déployer un peu plus de 3.200 satellites sur une orbite basse – 590 kilomètres contre 36.000 kilomètres pour les traditionnels satellites géostationnaires. Selon sa convention avec le gendarme américain des télécoms, elle doit en lancer la moitié avant juillet 2026. Et l’intégralité avant 2029. Elle espère ensuite placer 4.500 appareils supplémentaires. Sa constellation doit connecter les régions qui ne le sont pas encore, notamment celles qui sont trop isolées pour rentabiliser la construction d’une infrastructure terrestre. En 2021, Amazon a signé un premier partenariat d’envergure avec l’opérateur américain Verizon. À terme, elle pourrait aussi concurrencer la fibre optique partout ailleurs. Un marché potentiellement gigantesque.

Handicap – Amazon prévoit d’investir “au moins” dix milliards de dollars dans le projet Kuiper. Mais l’entreprise part avec un handicap de taille sur SpaceX: elle ne dispose pas de ses propres lanceurs. L’an passé, elle a signé des contrats avec trois sociétés: Blue Origin, le groupe spatial de Jeff Bezos, son fondateur et ex-patron, l’européenne Arianespace et United Launch Alliance, une coentreprise regroupant Boeing et Lockheed Martin. Au total, cela représente 83 missions étalées sur cinq ans – à partir d’une date non communiquée. Mais Amazon ne contrôlera pas le calendrier des lancements. Et sera surtout dépendant des avancées technologiques de ses partenaires. Trois des quatre fusées qui doivent transporter ses satellites, dont Ariane 6 et New Glenn de Blue Origin, sont toujours en développement.

Modèle économique – Pour des raisons symboliques et concurrentielles, Amazon a choisi de ne pas faire appel à SpaceX, dont les lanceurs multiplient les missions. Une décision qui pourrait se traduire par des délais et des coûts supplémentaires, dénoncent des actionnaires. D’autres redoutent des investissements à perte, alors que le projet Kuiper compte des années de retard sur Starlink et sur OneWeb, racheté par l’opérateur français Eutelsat. Surtout, la pertinence du modèle économique reste à démontrer, parce que la durée de vie des satellites n’est que de quelques années. Et parce que le prix des abonnements limite le potentiel commercial. L’an passé, Starlink a généré un chiffre d’affaires de 1,4 milliard de dollars, rapporte le Wall Street Journal. Dans ses projections initiales, SpaceX misait sur 12 milliards.

Pour aller plus loin:
– SpaceX va investir jusqu’à 30 milliards de dollars pour son projet Starlink
Comment OneWeb espère contrer les satellites de SpaceX


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