Par , publié le 9 novembre 2023

Cela devait être la consécration pour Cruise. En août, la filiale de General Motors spécialisée dans les voitures autonomes avait enfin obtenu l’autorisation des autorités californiennes pour lancer un service payant de robots-taxis dans les rues de San Francisco, sans aucune restriction sur la taille de sa flotte ni sur ses horaires d’exploitation. À peine trois mois plus tard, cette étape majeure s’est transformée en véritable cauchemar. Après plusieurs accidents très médiatisés, la société a en effet perdu son permis en Californie. Elle a dû suspendre l’ensemble de ses opérations. La production de nouveaux véhicules a été interrompue par sa maison mère. Et elle s’apprête à mener un plan social, a confirmé son patron Kyle Vogt, lors d’une réunion organisée lundi avec les employés, explique Forbes.

Rachat par GM – Fondée il y a dix ans, Cruise fait alors partie d’une génération de start-up qui ambitionne de développer des voitures sans conducteur, dans le sillage des premières Google Car. Le tournant de son histoire intervient trois ans plus tard, quand la jeune entreprise est rachetée par General Motors, pour un montant estimé à un milliard de dollars. Le géant de l’automobile lui permet de prendre une autre dimension, disposant désormais d’importantes ressources pour embaucher massivement et financer sa R&D. D’autant qu’elle lève ensuite plusieurs milliards auprès d’investisseurs extérieurs, dont Softbank et Microsoft. L’an passé, elle a commencé à transporter des passagers dans ses véhicules sans la présence d’un opérateur pouvant reprendre le contrôle en cas de d’urgence.

Un million de robots-taxis – Cruise est alors engagée dans une course de vitesse. D’abord, contre Waymo, la filiale de Google, pionnière du secteur, ou encore Zoox, rachetée par Amazon en 2020. Et ensuite contre le temps, alors que ses pertes s’accumulent – près de deux milliards de dollars, par exemple, sur les neuf premiers mois de l’année. Ses dirigeants se montrent très ambitieux. En début d’année, ils projetaient d’atteindre la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2025. Puis, celle des 50 milliards en 2030, en déployant plus d’un million de véhicules aux États-Unis, au Japon ou encore à Dubaï pour remplacer Uber et les taxis. Pour y parvenir, l’entreprise a conçu son propre robot-taxi, baptisé Origin et pensé spécifiquement pour le transport de passagers, sans volant ni pédale.

Sécurité négligée – Dans cette course de vitesse, Cruise semble cependant avoir oublié le plus important : la sécurité. Selon le New York Times, Kyle Vogt aurait par exemple refusé l’an passé, après un accident, d’éviter les rues dotées d’un couloir de bus , estimant qu’il était nécessaire d’accumuler les kilomètres de tests pour améliorer. Après d’autres révélations du quotidien américain, Cruise a aussi admis que ses voitures autonomes réclamait une assistance humaine tous les six à huit kilomètres. Mais la société entretient encore le flou sur l’accident intervenu début octobre – une piétonne renversée – qui a précipité la suspension de son permis en Californie. Pis, les autorités de l’État affirment avoir initialement reçu une vidéo montée de la part de la société, ne montrant pas l’intégralité de la séquence.

Pour aller plus loin:
– Uber abandonne son projet de robots-taxis
– Google tente de préserver les secrets de ses voitures autonomes


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