Par , publié le 5 février 2024

50 cents, c’est si peu et beaucoup à la fois. Pour célébrer son vingtième anniversaire, Meta a annoncé la semaine dernière le versement de ses premiers dividendes. Une étape majeure dans son histoire qui a fait bondir son action à son plus haut niveau historique, au-delà des 470 dollars. En novembre 2022, celle-ci était tombée à seulement 90 dollars, après avoir chuté de plus de 75% en un an. Une sacrée revanche pour Mark Zuckerberg, décrié comme jamais il y a encore quelques trimestres à Wall Street, et surtout en interne, où l’on commençait sérieusement à douter de sa coûteuse stratégie centrée autour du métaverse. Deux plans sociaux et un rebond des recettes publicitaires plus tard, la maison mère de Facebook affiche des profits record – 14 milliards de dollars au quatrième trimestre.

Avatars grotesques – Fin 2022 pourtant, tous les signaux s’allument en rouge. Meta vient d’accuser un repli de son chiffre d’affaires annuel. Une baisse certes très limitée (-1% seulement), mais inédite dans son histoire. La société de Menlo Park est alors pénalisée par la faiblesse du marché publicitaire, plombé par l’inflation et les craintes de récession. Elle subit aussi la modification des règles d’Apple sur le pistage publicitaire, qui limite l’efficacité des publicités mobiles. Parallèlement, ses efforts dans le métaverse, ce monde virtuel que Mark Zuckerberg considère comme la prochaine plateforme dominante, tardent toujours à porter leurs fruits. Non seulement la division Reality Labs accumule de lourdes pertes, mais son produit vitrine, Horizon Worlds, est alors moqué pour ses avatars au look cartoon un peu grotesque.

Impact de Temu – Face aux doutes, Mark Zuckerberg a d’abord licencié plus de 20.000 salariés. Et décrété que 2023 serait “l’année de l’efficacité”, avec la volonté d’alléger l’organisation hiérarchique pour avancer plus rapidement. L’an passé, les dépenses de Meta sont ainsi restées stables, après avoir presque doublé entre 2020 et 2022. Dans le même temps, ses recettes publicitaires ont progressé de 17% – davantage que chez Google. Ses dirigeants mettent en avant de nouveaux formats, comme les publicités permettant d’envoyer des messages aux marques ou celles permettant de réaliser un achat directement depuis ses applications. La société a aussi profité des budgets marketing de Temu et Shein, les deux plateformes chinoises d’e-commerce qui ont généré, à elles seules, un tiers de la croissance du chiffre d’affaires.

Investissements dans l’IA – Une ombre demeure: les pertes toujours abyssales du Reality Labs: plus de 16 milliards de dollars en 2023. Mais le rebond des profits, la promesse de contrôler les embauches et le versement de dividendes permettent désormais à Mark Zuckerberg d’avoir une marge de manœuvre plus importante pour continuer à investir. Surtout, le patron de Meta a donné une nouvelle raison d’espérer aux investisseurs: l’intelligence artificielle générative. Arrivé un peu tardivement, le groupe a depuis mis les bouchées doubles. Il prévoit ainsi d’acheter 350.000 puces H100 de Nvidia, pour un prix catalogue supérieur à dix milliards de dollars. Meta espère profiter de son choix de l’open source, à contre-courant de ses grands rivaux américains. Tout en reconnaissant ne pas encore avoir défini son modèle économique.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi l’abonnement payant de Facebook est (déjà) contesté
– Dans le métaverse, Facebook dévoile (enfin) des progrès spectaculaires


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité