Par , publié le 22 mai 2023

Le cloud d’infrastructures devait représenter un formidable relais de croissance pour Alibaba. Mais treize ans après le lancement de son offre, le chinois géant du commerce en ligne s’apprête à quitter ce marché. La semaine dernière, il a en effet officialisé la prochaine “scission intégrale” de sa division cloud, dont les actions seront redistribuées aux actionnaires sous la forme d’un dividende exceptionnel. Cette mesure radicale a pris de court tous les observateurs. Certes, cette activité vient d’enregistrer le repli premier historique de son chiffre d’affaires, pénalisée notamment par la concurrence grandissante de Huawei et de China Mobile. Mais ses opportunités de croissance semblent toujours importantes, en particulier avec l’émergence de l’intelligence artificielle générative.

Six sociétés – La scission d’Alibaba Cloud s’inscrit dans le cadre d’une vaste réorganisation, qui prévoit la création de six entités indépendantes, pilotées par leur propre patron. Et pouvant faire appel à des investisseurs extérieurs et même entrer en Bourse, à l’exception notable de la société regroupant les activités d’e-commerce en Chine, qui resteront contrôlées en intégralité par la maison mère. Celle-ci prévoit ainsi une introduction boursière de sa chaîne de supermarchés Freshippo, puis de sa branche logistique Cainiao. Elle conservera la majorité du capital, mais ces opérations permettront à ses filiales de lever des fonds pour investir. Alibaba cherche aussi des investisseurs pour entrer au capital de son activité d’e-commerce à l’international, qui inclut notamment la plateforme cross-border Aliexpress.

Panne de croissance – Cette réorganisation doit permettre au groupe “de gagner en agilité, d’améliorer la prise de décision et de réagir plus rapidement aux changements du marché”, expliquait fin mars Daniel Zhang, le patron d’Alibaba. Le successeur de Jack Ma espère ainsi retrouver un esprit start-up, alors que sa position de leader est attaquée par de nouveaux acteurs et de nouveaux modes de consommation. La société est aussi en panne de croissance: son chiffre d’affaires n’a progressé que de 2% au premier trimestre. Dans ce nouvel Alibaba, la division cloud, qui intègre également DingTalk, la plateforme de communication et de collaboration en entreprises, l’équivalent chinois de Slack, semblait devoir occuper une position importante. Elle devait en effet être dirigée par Daniel Zhang.

Faibles profits –Alibaba a lancé sa plateforme de cloud en 2010, suivant la voie ouverte par Amazon. La société a beaucoup investi pour développer son infrastructure et son offre. Ses efforts lui ont permis de capter une part de marché de 40% en Chine. Elle est aussi bien implantée dans les autres pays asiatiques, sauf au Japon, et demeure un acteur mineur en Europe et aux États-Unis. Mais les profits se sont longtemps fait attendre. Et ils restent encore assez faibles: seulement 1,4 milliard de yuans (187 millions d’euros) au cours des douze derniers mois. Surtout, sa division cloud a connu un très net ralentissement de la croissance de ses recettes. Une situation qui pourrait perdurer: en avril, la société a en effet dû consentir à d’importantes baisses de prix en Chine pour tenter de regagner des parts de marché.

Pour aller plus loin:
– Après deux années noires, Alibaba se scinde en six sociétés
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