Par , publié le 25 mai 2023

Après les smartphones, les tablettes et les ordinateurs. La semaine dernière, le gouvernement indien a présenté un nouveau programme de subventions publiques pour convaincre les fabricants d’installer dans le pays des lignes d’assemblage, aujourd’hui très majoritairement situées en Chine. L’Inde prévoit de dépenser 170 milliards de roupies (1,9 milliard d’euros). Elle espère capitaliser sur le choix d’Apple de produire davantage d’iPhone dans des usines indiennes, qui lui permet de se présenter comme une alternative crédible à son grand voisin. D’autres groupes cherchent aussi à diversifier l’implantation géographique de leur chaîne de production, échaudés par la politique zéro-Covid menée l’an passé par Pékin. Et toujours inquiets d’une possible aggravation des tensions commerciales avec Washington.

Deuxième tentative – Ce programme s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux objectif: porter la production d’appareils électroniques à 300 milliards de dollars d’ici à 2026, contre 105 milliards l’an passé. Il y a deux ans, New Delhi avait déjà tenté de séduire les fabricants d’ordinateurs, de tablettes et de serveurs. Mais les aides publiques proposées n’avaient pas été jugées suffisantes. Pour ne pas rencontrer le même échec, le montant des subventions a été doublé. Celles-ci se chiffreront à 5% de la valeur totale des produits assemblés dans le pays pendant six ans. Et pourront atteindre jusqu’à 9% si les groupes aidés se fournissent en composants fabriqués en Inde. Le gouvernement espère ainsi générer 300 millions de dollars d’investissements. Et créer 200.000 emplois, dont 75.000 emplois directs.

7% des iPhone – Fin 2020, l’Inde avait octroyé plus de 5,5 milliards d’euros d’aides publiques pour doper la production de smartphones. Seize sociétés avaient été sélectionnées, principalement des acteurs locaux mais aussi Samsung, Foxconn et deux autres sous-traitants d’Apple. L’an passé, le groupe à la pomme est passé à la vitesse supérieure, réagissant notamment aux fermetures d’usines imposées par les autorités chinoises. Environ 7% des iPhones ont ainsi été assemblés dans des usines indiennes. Une proportion qui pourrait grimper à 25% dans deux ans, prédisent les analystes de Morgan Stanley. Le programme de subventions s’est traduit par un bond des exportations de smartphones, qui ont doublé l’an passé pour atteindre 11 milliards de dollars. Apple et Samsung représentent 90% de cette somme.

Meccano industriel – S’appuyant sur ce succès, New Delhi rêve d’attirer une partie de la production de Mac et des grandes marques du secteur, comme HP, Dell ou Asus, mais probablement pas le chinois Lenovo. La partie s’annonce cependant plus difficile que pour les smartphones. D’une part, parce que le marché enregistre une chute historique de ses ventes, plombé par un effet de rattrapage après deux années fastes et par les incertitudes macroéconomiques. Et d’autre part, parce que l’assemblage d’ordinateurs est un meccano industriel encore plus complexe, composé de plusieurs centaines de fournisseurs, principalement basés en Chine. D’ailleurs, Apple continue de produire l’intégralité de ses Mac dans des usines chinoises, même si des tests au Vietnam et en Thaïlande pourraient avoir lieu cette année.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi l’Inde est devenue stratégique pour Apple
– En Inde, Amazon menacé par l’homme le plus riche d’Asie


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