Par , publié le 2 juillet 2023

Faut-il y voir le signe d’un assagissement des investisseurs ou alors un simple cas particulier ? En pleine euphorie autour de l’intelligence artificielle générative, la start-up britannique Stability AI n’a pas réussi à boucler une nouvelle levée de fonds. Selon l’agence Bloomberg, elle a ainsi dû se rabattre sur un prêt convertible en actions, d’un montant inférieur à 25 millions de dollars. Très loin des 400 millions, que le concepteur du générateur d’images Stable Diffusion cherchait depuis des mois à recueillir, sur la base d’une valorisation de quatre milliards de dollars. Soit quatre fois plus que le montant retenu lors de sa précédente levée en octobre 2022, quelques semaines avant le lancement grand public ChatGPT, qui a depuis suscité une ruée des investisseurs vers le secteur.

Concurrence – Fondé en 2019 à Londres, Stability AI fait face à une féroce concurrence. De la part du laboratoire de recherche américain Midjourney, dont la dernière version permet de réaliser des images photoréalistes impressionnantes. Et aussi de la part de DALL-E, développé par la richissime start-up américaine OpenAI, également à l’origine de ChatGPT. Le groupe dément avoir tenté “activement” de lever des liquidités additionnelles auprès de fonds de capital-risque. Il y a dix jours, Emad Mostaque, son fondateur et patron, avait également assuré recevoir “constamment” des marques d’intérêts de la part de potentiels investisseurs. Cependant, sa volonté de mener un nouveau tour de table a bien été confirmée par d’autres médias américains.

Une accalmie ? – L’échec de cette levée de fonds peut être interprété comme une accalmie chez les investisseurs, moins enclins à accepter des valorisations très élevées pour des start-up qui génèrent peu ou pas de chiffre d’affaires – même si Inflection AI vient de récolter 1,3 milliard de dollars. Mais cet échec semble davantage s’expliquer par les difficultés et polémiques autour de Stability AI. L’an passé, la société avait dû reconnaître qu’elle ne possédait pas la propriété intellectuelle sur le modèle d’IA alimentant Stable Diffusion, en réalité développé par une université allemande. Début juin, une enquête publiée par Forbes faisait état d’un “historique d’exagérations” de la part d’Emad Mostaque sur ses diplômes et sur son expérience. Mais aussi sur un partenariat avec Amazon et sur le niveau du chiffre d’affaires.

Poursuites judiciaires – Stability AI est aussi ciblé par deux procédures judiciaires, lancées par un groupe d’artistes et par la grande banque d’images américaine Getty. L’entreprise est accusée d’avoir violé leur propriété intellectuelle en utilisant leurs œuvres et photos, sans consentement et sans rémunération, pour entraîner son modèle d’intelligence artificielle. Pour ne rien arranger, la start-up britannique traverse une phase d’instabilité dans ses équipes dirigeantes. Elle vient d’enregistrer la démission de son directeur de la recherche, un ancien chercheur de Google Brain débauché il y a moins d’un an. En avril, le vice-président chargé des produits avait aussi quitté son poste, sept mois à peine après son recrutement. Et le directeur opérationnel a, lui, été licencié.

Pour aller plus loin:
– Le double discours d’OpenAI sur la régulation de l’intelligence artificielle
– ChatGPT fait perdre plus de 500 millions de dollars à OpenAI


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