Par , publié le 22 novembre 2023

Après les smartphones, les tablettes et les ordinateurs. La semaine dernière, le gouvernement indien a dévoilé la liste des 27 entreprises qui vont bénéficier d’un nouveau programme de subventions publiques pour installer dans le pays des lignes d’assemblage, aujourd’hui très majoritairement situées en Chine. Celle-ci comprend les principaux acteurs du secteur. Soit directement, comme Lenovo, HP, Dell ou encore Asus. Soit par l’intermédiaire de leurs sous-traitants, à l’image de Foxconn, qui assemble les iPad et les Mac d’Apple. Un grand nom manque cependant à l’appel: Samsung. New Delhi prévoit de dépenser 170 milliards de roupies (1,9 milliard d’euros) dans ce programme, qui inclut aussi les serveurs informatiques. Et espère créer 200.000 emplois dans le pays, dont 50.000 emplois directs.

Aides doublées – Ce programme s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux objectif: porter la production d’appareils électroniques à 300 milliards de dollars d’ici à 2026, contre 105 milliards l’an passé. Il y a deux ans, l’Inde avait déjà tenté de séduire les fabricants. Mais ses aides avaient été jugées insuffisantes. Pour ne pas rencontrer le même échec, le montant des subventions a été doublé. Surtout, le pays espère capitaliser sur le choix d’Apple de produire davantage d’iPhone dans des usines indiennes, ce qui lui permet de se présenter comme une alternative crédible à son grand voisin. D’autres groupes cherchent aussi à diversifier l’implantation de leur chaîne de production, notamment depuis la politique zéro-Covid menée l’an passé par Pékin, qui a mis en évidence les dangers d’une dépendance industrielle à la Chine.

7% des iPhone – Fin 2020, l’Inde avait octroyé plus de 5,5 milliards d’euros d’aides publiques pour doper la production de smartphones. Seize sociétés avaient été sélectionnées, principalement des acteurs locaux mais aussi Samsung, Foxconn et deux autres sous-traitants d’Apple. L’an dernier, le groupe à la pomme est passé à la vitesse supérieure, réagissant notamment aux fermetures d’usines imposées par les autorités chinoises. Environ 7% des iPhone ont ainsi été assemblés dans des usines indiennes. Une proportion qui pourrait grimper à 25% dans deux ans, prédit Morgan Stanley. Selon le cabinet Counterpoint, l’Inde est devenu l’an passé le deuxième producteur mondial de téléphones. 98% des appareils vendus dans le pays sont désormais assemblés localement. Et 16% de la production nationale est exportée.

Meccano industriel – New Delhi rêve désormais de résultats similaires sur le marché des ordinateurs. La partie s’annonce cependant plus difficile. D’une part, parce que le secteur enregistre une chute historique de ses ventes. Et d’autre part, parce que l’assemblage d’ordinateurs est un meccano industriel beaucoup plus complexe, composé de plusieurs centaines de fournisseurs, principalement basés en Chine. D’ailleurs, Apple continue de produire l’intégralité de ses Mac dans des usines chinoises, même si des tests doivent être menés au Vietnam et en Thaïlande. Pour lancer la dynamique, le gouvernement avait pensé à une solution radicale: restreindre sévèrement les importations de PC dans le pays. Une idée qui a suscité de nombreuses critiques. Et qui a été abandonnée, au moins temporairement, en octobre.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi l’Inde est devenue stratégique pour Apple
– En Inde, Amazon menacé par l’homme le plus riche d’Asie


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