Par , publié le 9 novembre 2022

Depuis son lancement en 2004, Facebook n’avait jamais mené un plan social. Mercredi, Meta, sa maison mère, a officialisé le licenciement de plus de 11.000 salariés, soit environ 13% de ses effectifs. “J’en assume la responsabilité”, explique Mark Zuckerberg dans un message adressé aux employés, reconnaissant avoir été trop confiant sur l’évolution du marché après la crise sanitaire. Les mesures d’économies déjà prises “ne permettent pas seules d’aligner nos dépenses avec la croissance de notre chiffre d’affaires”, poursuit-il. Tous les départements sont concernés, même le Reality Labs, la division chargée de mener la révolution vers le métaverse, ce monde virtuel que le patron du réseau social considère comme la prochaine plateforme dominante.

Baisse du chiffre d’affaires – Cette restructuration intervient à un moment particulièrement difficile pour l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg. Non seulement son cours boursier a chuté de 75% depuis septembre 2021. Mais elle a également accusé au deuxième trimestre la première baisse trimestrielle de son chiffre d’affaires. Une baisse certes très limitée (-1% seulement), mais qui s’est poursuivie au troisième trimestre (-4%). Meta explique ses contre-performances par la faiblesse du marché publicitaire, plombé par l’inflation et la crainte d’une prochaine récession. Le groupe n’est d’ailleurs pas le seul à souffrir. Google mène aussi des suppressions de postes. Snapchat a licencié 20% de ses effectifs. Et Twitter s’est séparé de la moitié de ses employés.

Monétisation plus difficile – La maison mère de Facebook est d’autant plus en difficulté qu’elle doit affronter la concurrence grandissante de TikTok. Elle peine désormais à attirer de nouveaux adeptes – fin 2020, le réseau social a même connu une baisse du nombre d’utilisateurs, du jamais vu. Et elle a dû adapter son offre pour copier son menaçant rival. Si son nouveau format, baptisé Reels, représente une part croissante de l’activité sur Facebook et Instagram, il génère des recettes publicitaires plus faibles. Autrement dit, Meta ne peut pas aussi bien monétiser son audience qu’avant. Autre problème: la modification des règles d’Apple sur le pistage publicitaire, qui devrait se traduire par un manque à gagner de 10 milliards de dollars en 2022.

Investissements dans le métaverse – Ces mesures d’économies ont lieu alors que la société mène sa transformation vers le métaverse. Pour y parvenir, elle a investi sans compter et recruté massivement dans sa division Reality Labs. L’an passé, celle-ci a embauché 7.000 personnes – elle comptait avant mercredi 17.000 employés, soit un quart des effectifs de Meta. Et elle a accusé des pertes colossales, supérieures à dix milliards de dollars. En septembre, la société a prévenu que ce déficit allait encore se creuser l’année prochaine. De tels investissements ne posaient pas de problèmes tant que la machine publicitaire tournait à plein régime. Ils doivent désormais être compensés par une baisse des dépenses ailleurs. Et donc par des licenciements.

Pour aller plus loin:
– Déjà plus de 100.000 licenciements dans la tech en 2022
– Facebook revoit ses ambitions à la baisse dans le hardware


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