Par , publié le 26 juin 2023

Pour l’occasion, Tim Cook, Sundar Pichai, Satya Nadella et Andy Jassy avaient fait le déplacement à Washington. En visite officielle aux États-Unis, le premier ministre indien Narendra Modi n’a pas seulement rencontré les patrons des quatre géants technologiques américains – respectivement d’Apple, de Google, de Microsoft et d’Amazon. Il a également recueilli d’importantes intentions d’investissements, preuve que l’Inde est devenue ces dernières années un marché stratégique pour ces entreprises. Dans le détail, Amazon s’est engagé à déployer quinze milliards de dollars supplémentaires dans le pays, s’ajoutant aux onze milliards déjà annoncés. Google, qui avait promis d’investir dix milliards, va en dépenser dix de plus, notamment pour ouvrir un centre dédié à la fintech.

760 millions d’internautes – Pour les grands groupes américains, à l’exception notable d’Apple, l’Inde s’apparente à ce que la Chine n’a jamais été: un marché immense sur lequel ils peuvent tirer profit de leur force de frappe financière pour écraser la concurrence locale. Selon les estimations du cabinet Kantar, le pays compte 760 millions d’internautes. Ce chiffre devrait monter à 900 millions en 2025. 340 millions d’Indiens paient déjà avec leur smartphone. Et 77 millions effectuent des achats sur des réseaux sociaux. À titre de comparaison, les Etats-Unis comptent environ 310 millions d’internautes. L’Union européenne environ 415 millions. L’Inde est aussi devenu le deuxième marché mondial pour les smartphones, avec une montée en gamme récente qui ouvre la porte à de nouveaux usages

Pas d’applications chinoises – En plus de la généralisation d’Internet, les sociétés américaines profitent des tensions géopolitiques entre l’Inde et la Chine, qui se sont traduites par l’interdiction de nombreuses applications chinoises – très populaires dans les autres pays du continent. Les opportunités de croissance sont immenses. Et justifient des investissements massifs. Amazon s’y dispute le marché du commerce en ligne avec Walmart, associé au groupe indien Flipkart. Netflix et Disney s’affrontent sur le marché du streaming vidéo. Google occupe une position hégémonique avec Android, qui procure un avantage à sa solution de paiement au détriment de l’indienne Paytm. WhatsApp joue un rôle de super-app. Et à plus long terme, les entreprises et les administrations devraient se convertir au cloud.

Projet de régulation – Un risque menace cependant toutes ces sociétés. Depuis trois ans, l’écosystème local milite auprès du gouvernement pour créer des conditions moins favorables aux géants américains. En début d’année, ils avaient obtenu gain de cause contre Android, avant que la justice n’invalide une décision de l’autorité de la concurrence. Ils ont également obtenu le départ des responsables du plus puissant lobby du secteur, accusés de défendre les positions américaines. Surtout, ils espèrent peser de tout leur poids sur un projet de réglementation, baptisé Digital India Act, qui doit moderniser la législation datant de 2000. Une première version doit être publiée cet été mais la presse indienne indique que des mesures viseront à lutter contre la domination américaine, s’inspirant du Digital Markets Act européen.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi l’Inde est devenue stratégique pour Apple
– Après les smartphones, l’Inde veut attirer les fabricants d’ordinateurs


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité