Par , publié le 10 septembre 2023

Douze ans après son lancement officiel dans les rues de San Francisco, Uber a enfin trouvé le chemin de la rentabilité. Au deuxième trimestre, la plateforme américaine de voitures avec chauffeur (VTC) a dégagé le premier bénéfice opérationnel de son histoire. Un profit de 326 millions de dollars (305 millions d’euros), accompagné d’un flux de trésorerie supérieur, pour la première fois, au milliard. “Deux étapes importantes”, se félicite Dara Khosrowshahi, le patron de la société, nommé en 2017 pour prendre la suite du très controversé Travis Kalanick. “De nombreux observateurs au fil des ans ont affirmé avec force que nous ne gagnerions jamais d’argent”, rappelle-t-il. Et pour cause: avant ce trimestre dans le vert, Uber avait accumulé 31,5 milliards de dollars de pertes opérationnelles en seulement neuf ans.

Cession d’actifs – Pendant longtemps, Uber avait fait le choix d’opérer à perte pour se développer très rapidement et tuer la concurrence. La société multipliait aussi les investissements annexes, par exemple pour concevoir des voitures autonomes et des taxis volants. Au moment de son introduction en Bourse en 2019, ses dirigeants avaient promis à Wall Street de devenir rentable. Si la crise sanitaire a retardé l’échéance, elle a aussi contribué à accélérer la baisse des coûts. Au-delà d’un vaste plan social, touchant près de 7.000 salariés, Uber s’est séparé de nombreux actifs non stratégiques qui perdaient beaucoup d’argent. Cette cure d’austérité s’est déjà traduite, fin 2021, par un bénéfice opérationnel mais seulement sur une base ajustée, excluant certaines dépenses, en particulier la rémunération des employés en actions.

Maîtrise des coûts – La crise sanitaire passée, Uber enregistre désormais des niveaux d’activité record, aussi bien pour sa plateforme de VTC que pour Eats, son service de livraison de repas dont la popularité a explosé pendant la pandémie. La société profite également d’une concurrence moins forte sur ces deux activités. Notamment sur le marché américain des VTC, sur lequel Lyft, son grand rival historique, traverse une mauvaise passe. Cela lui permet de s’octroyer une part plus importante du prix payé par ses clients (courses et livraisons). Et surtout de limiter ses dépenses marketing, qui sont restées stables depuis 2019, alors que son chiffre d’affaires a bondi, en particulier grâce à la forte croissance enregistrée par Eats. Ces coûts ne représentent plus que 13% des recettes, contre près de 40% il y a quatre ans.

Statut des chauffeurs – Devenir rentable représente une étape majeure pour l’entreprise. Cela ne doit cependant pas occulter les menaces qui pèsent encore sur son modèle économique. En Californie, Uber est parvenu à faire adopter, par référendum, une loi entérinant le statut de travailleurs indépendants des chauffeurs et livreurs. Mais la justice vient d’autoriser des livreurs à l’attaquer en justice. En Europe, un projet de directive, présenté fin 2021, propose d’accorder le statut de salarié aux chauffeurs et livreurs, leur garantissant un salaire minimum, des congés payés et une protection sociale. Uber redoute une forte hausse de ses coûts et un manque de flexibilité, nécessaire à son fonctionnement. Ses dirigeants militent ainsi pour une “troisième voie”: un statut hybride entre ceux de salarié et d’indépendant.

Pour aller plus loin:
– Uber remporte une bataille décisive aux Etats-Unis, mais reste menacé en Europe
– Waymo et Uber s’associent pour déployer des poids lourds autonomes


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